Alexandrin II. Les adaptations de l’alexandrin français dans d’autres langues

Authors

  • Boris A. Novak

Keywords:

comparaison entre l’alexandrin français et l’alexandrin dans la poésie provençale, catalane, espagnole, italienne, anglaise et allemande, différences dans le rythme du vers et dans le compte des syllabes comme résultat des différences entre ces langues

Abstract

Après l'analyse du développement historique et de la structure rythmique de l'alexandrin français, publiée dans le dernier numéro de notre revue, la deuxième partie de cette recherche est dédiée aux problèmes des adaptations de l’alexandrin dans d’autres langues. – Malgré la similarité des poésies des langues romanes qui sont – entre autres – toutes bâties sur le système de versification syllabique, les différences considérables au niveau de l’accentuation exercent une grande influence sur le rythme du vers : le nombre des syllabes de l’alexandrin in oscille entre 12 et 16, ce qui dépend du nombre des syllabes inaccentuées après le dernier accent du vers. L’absence de « e muet » (e atonique) en espagnol et en italien signifie que dans ces langues les vers féminins sonnent différemment qu’en français ; en même temps la règle de l’alternance obligatoire des rimes masculines et féminines, empruntée à la poétique classique française, a pour conséquence une différence dans le nombre des syllabes entre les vers masculins et féminins. Le traitement du « e muet » dans la poésie provençale diffère de celui dans la poésie française parce qu’on le prononce et le compte comme une syllabe : c’est évidemment le résultat de la liaison étroite existant entre le texte poétique et la musique dans l’art des troubadours. La césure dans le vers espagnol est encore plus forte que celle du vers français, mais la césure dans le vers italien est plus faible. Malgré le principe syllabique les accents jouent un rôle plus grand dans le vers espagnol et italien que dans le vers français ; dans le vers italien la fonction des accents est déjà si importante qu’il ne s’agit plus d’un vers syllabique, mais plutôt d’un syllabo-tonique. Il semble que le « modernismo » espagnol a su revitaliser l’alexandrin ancien plus que les poètes modernes des autres littératures nationales. – Les adaptations de l’alexandrin in dans les langues à système de versification accentuel sont encore plus loin du rythme originel de l’alexandrin français : ici, le changement des accents fixes et mobiles est remplacé par le changement régulier des syllabes accentuées (temps forts – ictus) et inaccentuées (temps faibles) ; les principes de la rime sont différents ; la densité des accents constants qui lui donne la stabilité rythmique fait que le vers accentuel ne manifeste pas le même besoin de césure que la poésie romane syllabique.

Published

2016-11-03

Issue

Section

Articles