tragédie dans la théorie littéraire slovène, V. Kralj, légalité et légitimité, conflit tragique entre l’ordre légal et la légitimité spirituelle et morale
Abstract
Ce traité part du fait que, dans la théorie littéraire slovène, la notion de tragédie basée sur les idées d’Aristote et de Schiller ne fut introduite qu’en 1850, par I. Macun. Jusqu’aux manuels les plus récents (I. Pregelj, 1936, S. Trdina, 1958), elle se fonde sur la tradition. C’est V. Kralj (1964) qui lui donne une signification plus moderne en adoptant les principes hégéliens et en renonçant aux éléments métaphysiques de la notion hégélienne de tragédie. Ce qui obligea Kralj à ne pas abandonner entièrement les définitions traditionnelles. Un nouveau point de départ est donc nécessaire à la modernisation de la notion de tragédie. Au moyen des principes de légalité et de légitimité tels que déterminés par la sociologie moderne, par la théorie du droit et par la philosophie (M. Weber, C. Schmitt, J. Habermas, N. Luhmann), l’essence de la tragédie est transposée au conflit tragique entre l’ordre légal et la légitimité d’un ordre spirituel et moral supérieur ; de ce conflit s’ensuivent tous les autres éléments des évènements tragiques (héros tragiques, personnalités, culpabilité, victimes, jugement, réconciliation). La diversité d’association de ces éléments engendre les différents types de tragédie. L’affaiblissement de la tragédie au 19e et 20e siècles est dû à l’impuissance du conflit tragique résultant de l’incertitude des notions de légalité et de légitimité modernes. La tragédie est remplacée par le drame tragique et par d’autres formes de dramaturgie modernes (Büchner, Ibsen, Strindberg, Tchekhov etc.).
