La complexité en littérature
Keywords:
théorie littéraire, lecture, mimésis, épistémologieAbstract
Il s’agit de l’analyse d’un concept : celui de « complexité » auquel ont recours différents champs de la connaissance contemporaine : scientifique, sociologique, anthropologique, pour mesurer l’éventuelle pertinence de son emploi et de sa signification propre dans le domaine de l’œuvre d’art, plus particulièrement de la littérature. En prenant en examen des relectures contemporaines de la mimesis aristotélicienne (Roland Barthes, Catherine Perret, Jacques Rancière), c’est à une redéfinition de ce concept, en termes de complexité précisément, que le présent essai s’attachera. Cette approche de la mimesis ouvrira à une double description de cette complexité, tant comme caractérisation du faire mimétique lui-même (à partir de sa définition dans le cadre de la tragédie grecque) que comme re-caractérisation du mécanisme de la lecture de l’œuvre d’art, de la lecture comme action, comme « Agency » (à partir du constat que lire équivaut à établir un système de renvois référentiels hétérogènes). La pertinence de cette figure de la complexité telle qu’elle apparaît dans la mimesis sera argumentée par le mode de présence singulier et paradoxal de la violence de l’Histoire du XXe siècle, et notamment celle des deux guerres mondiales, dans nombre de romans depuis une vingtaine d’années. Un mode de présentification sous la forme de l’indécidable, de l’illisible, de l’énigmatique qui conduit la lecture vers un régime d’interrogations instables quant à la lettre de la fiction, transformant celle-ci en un système d’inférences hétérogènes et, donc, complexes, problématiques. L’intérêt alors de cette analyse réside dans la dimension en dernière instance politique de cette complexité de par le rôle actif qu’elle confère au lecteur. Celui-ci placé devant/dedans la fiction doit s’interroger sur les raisons de cette ignorance dans la relation de faits qui, pourtant, plus que tous autres, font à la fois partie de notre histoire collective et dont la reconnaissance apparaît comme absolue nécessité pour que nous puissions hériter de notre passé, fût-ce sous la forme d’un héritage critique.References
Barthes, Roland. S/Z. Pariz: Seuil, 1970. (Collection Tel Quel).
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Perret, Catherine. Les porteurs d’ombre : Mimésis et modernité. Pariz: Belin, 2001. (L’extrême contemporain).
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Rancière, Jacques. Le spectateur engagé. Pariz: La fabrique éditions, 2008.