Par quoi commencer un roman ? Balzac, Dumas et Sue
Keywords:
littérature française, XIXe siècle, roman feuilleton, technique narratives, Sue, Eugène, Dumas, Alexandre, Balzac, Honoré deAbstract
L’article analyse la relation d´Honoré de Balzac envers la littérature populaire de son époque, notamment envers la production romanesque de ses deux grands adversaires, Alexandre Dumas et Eugène Sue, ainsi qu´envers sa propre activité de feuilletoniste. Balzac, dont les premiers succès dans le domaine de la littérature sérieuse datent du début des années 1830, cherchera tout le long de sa carrière littéraire à se distancier de ses œuvres de jeunesse. Dans ce contexte, l´exposition balzacienne (la description de l´habitat et des physionomies, suivie de ou bien combinée avec une analepse explicative) est souvent considérée comme une démarche anti-feuilletoniste. Balzac lui-même la présente comme telle dans le roman Illusions perdues, où l’écrivain Daniel d’Arthez, homme de génie, conseille à son jeune collègue Lucien de Rubempré de commencer son roman non pas in medias res, mais par des préparatifs. – Pourtant, la comparaison des trois romans, tous les trois emblématiques du XIXe siècle, Les Mystères de Paris d’Eugène Sue, Le comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas et Illusions perdues de Balzac, nous amène à la conclusion que l´exposition balzacienne, bien que son étendue extraordinaire s’oppose aux demandes de la sérialisation, n’est pas, par sa nature, contraire au genre feuilletoniste. L’écriture dynamique d´Alexandre Dumas, sa manière d´entamer l’histoire in medias res, n’est certainement pas la seule voie du succès dans le genre populaire. Au contraire : Les Mystères de Paris d’Eugène Sue, le grand bestseller de l’époque, s’ouvrent par une exposition qui comporte plus d´un élément balzacien, y incluse la prétention au sérieux. En effet, le ton éminemment sérieux du narrateur omniscient, tellement typique de Balzac, peut être considéré comme une démarche feuilletoniste par excellence. Tandis que Dumas attire par son dynamisme, Sue et Balzac s’attachent le lecteur en l’intimidant.References
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